The Devil Doll : création fantastique mêlant habilement les genres cinématographiques

Comme beaucoup de personnes, ma première incursion dans la filmographie de Tod Browning fut la découverte de Freaks dont l’influence contemporaine dans le genre est visible dans l’incroyable saison 4 d’American Horror Story. Son impact fut tel à l’époque que je fus un peu rétif à visionner d’autres films de ce cinéaste car il m’a marqué bien plus que je ne l’avais imaginé. Cependant, mon amour pour le fantastique m’a permis de découvrir, par hasard, ces fameuses poupées du diable.


Profitant du succès des films de Universal Monsters à l’époque, l’histoire de Tod browning et d’Erich von Stroheim, s’en inspire et reprend, clairement, des éléments de la fiancée de Frankenstein, sorti peu de temps avant. Cela va jusqu’à certains détails comme une mèche blanche pour caractériser un personnage féminin.


Bien que certains crieront au plagiat, cette version ne doit pas être mise au ban mais appréciée pour ces partis scénaristiques où l’on passe habilement d’un registre à l’autre (fantastique, thriller, drame, polar, comédie…) grâce à un montage efficace permettant de suivre l’histoire, sans ennui. La vision des ces deux scénaristes permet de proposer une version européenne de ce type de film, où l’expressionnisme allemand se marie admirablement avec la mise en scène américaine du cinéaste.

Les effets spéciaux sont remarquablement impressionnants pour l’époque pour donner vie à ces poupées du diable. Son origine est issue d’un constat social que si l’humanité pouvait rapetisser, elle consommerait moins de ressources et d’énergie. Difficile de ne pas penser à Downsizing d’Alexander Payne, sorti seulement en 2017.


Ce mélange de reprises cinématographiques et d’anticipation sur ce qui se fera plus tard dans le cinéma américain, comme par exemple Mrs Doubtfire évoqué dans la critique de Plume231, contribue à la richesse thématique de ce film injustement boudé ( 432 notes sur SC, 128 notes sur allociné au moment de l’écriture de ce papier).


Bien qu’apparaissant comme antipathique au départ, Lionel Barrymore arrive à insuffler à son personnage une part d’humanité touchante, notamment dans sa relation avec sa fille, interprétée par Maureen O ‘Sullivan, pleine de rancœurs envers lui. Il est amusant de voir les références françaises ou perceptions étrangères des français suggérées dans les noms ou prénoms de certains personnages comme Toto, loin d’être aussi gamin que celui des blagues, ou Radin pour caractériser un banquier français.


Alors que le titre est un brin racoleur pour attirer le public féru de film d’horreur et de fantastique, le film se révèle bien plus profond que ce qui est suggéré sur son affiche proposée par SC. Il ne contient pas de scènes horribles ou sanglantes pouvant retenir une partie du public à le voir. Ce film m’a réconcilié avec l’univers de Tod Browning s’interrogeant, comme toujours, sur la monstruosité apparente des personnes, la perception des choses et d’autrui par l’être humain.


Conclusion :

Ces poupées du diable méritent vraiment d’être réhabilitées car le metteur en scène propose une vision hybride du film fantastique fusionnant, à merveille, la vision américaine et européenne, conservant une modernité dans son propos encore aujourd’hui.

Hawk
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le 3 mai 2024

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